La Presse au Futur est un événement incontournable de la scène médiatique qui réunit toutes les familles de la presse (presse professionnelle, presse magazine, presse numérique…) sur tous les supports pour anticiper les tendances presse de demain. Dans ce nouvel article de blog, nous allons nous intéresser plus précisément à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans la presse professionnelle et aux divers questionnements qui entourent cet outil tantôt novateur, tantôt menaçant.

Récemment s’est tenu le salon de La Presse au Futur à Paris. Cette 17e édition mettait en lumière la transformation radicale du modèle économique de la presse, un thème passionnant qui a rassemblé près de 300 médias BtoB.

Lors du second jour, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence de la Matinée des Médias Professionnels portant sur l’intelligence artificielle et la position de la presse professionnelle concernant ce sujet brûlant.

Presse professionnelle : la lente intégration de l’IA 

Pendant un peu plus d’une heure, devant une salle remplie de curieux.ses et de passionné.es, les représentants des Éditions Fitamant, du Groupe NGPA (France Agricole), de NETMEDIA GROUP et du Groupe Infopro Digital ont expliqué comment les médias professionnels vivaient la démocratisation de l’intelligence artificielle au sein des entreprises. Ils nous ont notamment apporté leur témoignage sur la façon dont ils géraient ce nouvel outil, lequel suscite beaucoup de questionnements, tant sur son intégration visant à favoriser la productivité que sur la dimension éthique concernant son utilisation.

Il faut d’abord savoir que, pour l’instant, l’usage de l’IA dans ce milieu professionnel n’en est qu’à ses balbutiements, avec des réglementations encore floues, voire inexistantes. Les entreprises essayent donc d’établir des règles strictes pour instaurer un équilibre autour des questions de transparence, de responsabilité et d’équité.

Parmi ces questionnements, la presse professionnelle s’interroge particulièrement sur l’intégration de l’IA dans les processus de rédaction de contenules services marketing et les RH, mais aussi sur l’opportunité de développer de nouveaux services grâce à cet outil, ou encore sur son potentiel impact sur l’organisation de l’entreprise. Pour le moment, l’IA commence à être doucement incorporée dans plusieurs pôles au sein des entreprises et présente plusieurs cas d’usage :

  • L’intégration de l’IA dans la rédaction de contenu

Au niveau éditorial et rédactionnel, l’IA serait surtout un outil conçu pour augmenter les performances. L’idée n’est bien évidemment pas de remplacer le travail porté par l’humain, mais d’imaginer la génération de contenus froids pour le référencement, notamment en se servant de l’IA pour améliorer l’optimisation des moteurs de recherche (SEO). Elle permet donc principalement de rendre le contenu plus lisible par des machines (notamment l’algorithme de Google) pour améliorer la visibilité sur internet. Il s’agit davantage d’une question d’esthétique pour optimiser l’information en sollicitant des recommandations et ainsi toucher une plus grosse audience. L’IA pourrait ainsi être intégrée dans certains cas d’usage impliquant la direction numériquele pôle abonnementle pôle monétisation, ainsi que tous les autres services connexes, y compris la rédaction.

Cependant, ces optimisations doivent être confrontées aux enjeux de l’indépendance journalistique et de la qualité des contenus, en particulier en ce qui concerne l’optimisation du SEO par l’IA. Par ailleurs, la transparence des médias quant à l’utilisation de l’IA et le tabou qui entoure ce sujet en général doivent également être pris en compte. Il est donc toujours recommandé de faire preuve de prudence.

  • Les services marketing

Dans le cas des services marketing, l’IA pourrait être envisagée pour aider à la rédaction des posts, des annonces et des publicités pour les audiences. Elle serait capable d’optimiser ces éléments chronophages et d’améliorer la productivité.

Elle permettrait aussi d’éviter les erreurs dans les contenus et pourrait mettre en avant des suggestions intéressantes à explorer. L’humain resterait le porteur de la décision finale, à savoir s’il souhaite utiliser les propositions faites par l’IA ou non.

Enfin, les générateurs d’image par IA permettraient notamment de produire des propositions de couvertures de magazines, qui seraient par la suite retravaillées par l’équipe marketing.

La gestion de l’IA : entre sensibilisation et règlementation

Force est de constater que l’utilisation de l’IA reste un sujet nouveau, parfois tabou et assez mal connu dans l’ensemble. Dans tous les cas, elle est explorée avec une pensée positive par la presse professionnelle, celle-ci cherchant avant tout à enrichir sa production de contenu et non à remplacer le travail de l’humain.

Plusieurs médias mettent en place des dispositifs pour essayer de réglementer l’IA et beaucoup adoptent des approches communes :

  • Tout d’abord, après avoir découvert cette nouvelle technologie et l’avoir explorée chacun de son côté, les représentants des médias présents se sont tous accordés pour dire que l’utilisation de l’IA devait être encadrée par une équipe spécialement dédiée à ce nouvel outil.
  • Ensuite, il a été question de sensibiliser les collaborateurs à ce nouvel assistant potentiel. Il a également été admis que la mise en place d’un processus était fondamentale afin de déterminer de quelle manière l’IA est utilisée, quels sont les outils existants et comment ces derniers peuvent être définis.
  • Enfin, l’adoption d’une charte éthique visant à encadrer l’IA et partagée de tous (et par tous) est également un élément nécessaire pour une utilisation contrôlée et équitable de cet outil. Ce type de règlement est actuellement sujet à des tests ou des applications dans quelques médias et partagé à tous les services d’une même entreprise.

Quid des relations presse ?

Côté relations presse, la question de la gestion de l’intelligence artificielle est également une source de réflexion. Il est bon de rappeler qu’au-delà de l’aspect rédactionnel avec l’IA générative, l’usage de cette technologie pourrait s’avérer extrêmement utile – une fois les outils arrivés à maturité – dans plusieurs autres domaines tels que :

  • L’automatisation amplifiée

L’intégration de L’IA dans le domaine des relations presse représente une avancée significative dans la gestion des tâches quotidiennes des attaché.es de presse. En effet, elle offre la possibilité de déléguer efficacement certaines tâches répétitives telles que le reporting ou la veille médiatique, des aspects souvent chronophages et exigeants en termes de ressources. Grâce à cette automatisation, les attaché.es de presse peuvent ainsi libérer un temps précieux qu’ils pourraient consacrer à des missions plus stratégiques et à plus forte valeur ajoutée.

  • L’analyse optimisée

L’IA peut aussi constituer une aide précieuse au vu de sa capacité à analyser des quantités de données colossales. Elle permet notamment de connaître les derniers sujets sur lesquels les journalistes ont écrit, de mieux cibler les journalistes et les médias pour diffuser les communiqués de presse, ou encore de mieux adapter les formats et les contenus en fonction des canaux de communication tels que les réseaux sociaux, les blogs, ou autres supports.

En conclusion

Dans tous les cas, l’IA est surtout perçue comme une assistance capable, à terme, de permettre aux attaché.es de presse de gagner du temps sur des tâches certes secondaires et répétitives, mais qui ont toute leur importance dans leur métier. Elle reste néanmoins un outil dont l’encadrement juridique n’a pas encore été complètement délimité et dont la sécurité des données transmises n’est pas toujours garantie.

En résumé, tout reste à faire, à explorer, à découvrir, et c’est justement ça qui rend cette époque si passionnante ! 😊

Maïwenn Hellegouarch