En ce mois d’août 2022, à l’occasion de la sortie du film d’animation One Piece: RED, j’ai eu envie d’apporter un peu de nouveauté en abordant ce sujet particulièrement intriguant.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le manga One Piece, je vous invite à cliquer sur le lien suivant pour voir un peu de quoi parle ce shônen devenu iconique. En tout cas, il est évident qu’avec plus de 500 millions d’exemplaires vendus dans le monde entier, One Piece est une œuvre au succès incontestable. Par ailleurs, la sortie en avant-première de One Piece: Red, 15e long-métrage lié à l’animé (sorti en 1999 et encore en cours aujourd’hui !) qui coïncidait avec les 25 ans d’existence du manga, a réalisé une entrée fracassante au box-office japonais et aurait engrangé pas moins de 2,25 milliards de yens (soit plus de 15 millions de dollars) de bénéfices en seulement deux jours !
Où est le rapport avec les « idols » virtuels me direz-vous ? J’ai fait partie des privilégié.es qui ont eu l’occasion de visionner le film en avant-première, et pour éviter de spoiler ceux qui souhaiteraient le voir bientôt, je peux seulement vous dévoiler une chose : à cause d’un certain personnage, j’ai bien cru assister à un concert d’Hatsune Miku en live !
Tout le monde connaît le principe d’un concert : on assiste à une performance d’artistes, solo ou en groupe, qui apparaissent sur scène et délivrent une prestation devant un public. Mais au pays du soleil levant, patrie des prouesses technologiques farfelues, les concerts peuvent aussi bien mettre en scène des êtres humains que des idols virtuels.
Si les idols « humains » existent au Japon depuis les années 1960, ce n’est qu’en 2004 que sont nés les idols virtuels, grâce au logiciel de synthèse vocale Vocaloid, créé par la société Yamaha Corporation. Ce logiciel open-source, qui permet de générer paroles et mélodies grâce à des voix synthétisées, avec tous les effets et modulations souhaités, offre une liberté de création totale et ouvre un champ sans limite à ses utilisateurs, puisque les concepteurs ne revendiquent pas la paternité des productions dérivées de leur outil. Les compositeurs débutants peuvent ainsi faire diffuser leurs compositions via un avatar « cel-shadé » qui chante de la voix nasillarde typique de l’idole japonaise et se trémousse en rythme sur des fonds abstraits. Une myriade de chanteuses et de chanteurs virtuels (appelés également Vocaloids) aux chara-designs plus mignons et colorés les uns que les autres voit ainsi le jour, chacun.e étant doté.e d’une voix, d’un nom et d’une personnalité distincte.
Toutefois, c’est en août 2007, à l’occasion de la sortie de l’upgrade du logiciel Vocaloid 2, que le développeur japonais Crypton Future Media a eu l’idée de concevoir un nouveau personnage : Hatsune Miku. Cet avatar féminin, dont le nom signifie « les premiers sons du futur » en japonais, a l’apparence d’une adolescente de 16 ans, petite et fine, aux yeux et aux longues couettes bleu turquoise : un chara-design à la fois mignon, pop et un brin futuriste, pensé pour plaire au public nippon – mais aussi aux étrangers fans d’animés !
Le personnage connaît un succès immédiat : après son rapide passage en Creative Commons (libre de droits), des milliers d’internautes se saisissent de sa voix et de son image pour interpréter des reprises ou des chansons composées par leurs soins. À partir de 2008, le personnage ne cesse de prendre de l’ampleur, notamment grâce à un programme permettant d’animer les avatars, qui permet désormais à l’idol d’accompagner ses chants de chorégraphies.
En compilant plusieurs de ses chansons, Hatsune Miku s’est ainsi retrouvée en tête des ventes de CD au Japon dans les années 2010 et a enchaîné concerts et tournées hors du territoire nippon, sous forme d’hologramme parfois accompagné par de véritables musiciens. Elle est également devenue l’héroïne de nombreux jeux vidéo et autres fictions, et des figurines (et autres goodies) à son image se sont vendues – et se vendent encore ! – comme des petits pains. Elle a même été utilisée par des marques telles que Toyota ou Google Chrome, séduites par son succès, afin de promouvoir certains de leurs produits.
En 2013, la Vocaloid a même réalisé l’exploit de chanter un opéra intitulé « The End », composé spécialement pour elle par le prestigieux compositeur japonais Keiichiro Shibuya.
Véritable prouesse technologique ou icône adulée des fans aussi bien en Asie que dans le monde entier, Hatsune Miku a bel et bien conquis l’univers de la pop culture et de la tech musicale. Alors qu’elle fête ses 15 ans d’existence, la starlette planétaire n’a pas pris une ride et continue de faire rêver son public. Petit bonus : elle a récemment fait son apparition dans le célèbre jeu de rythme Project Diva (une sorte de Just Dance! japonais) sur la console Switch en tant que personnage-vedette. Une chose est sûre, sa carrière ne semble pas prête de s’arrêter de sitôt !
Et vous, seriez-vous prêt à vous déplacer pour aller à un concert mettant en scène une idol virtuelle ?
Mylène Colombero