Dans cette série, j’interviewe des experts internationaux en relations presse avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ces dernières années. Face à cette crise mondiale, je trouve fascinant de constater les similitudes et les différences dans notre analyse de la situation. Après l’Allemagne et le Royaume-Uni, nous poursuivons notre tour du monde, en interviewant cette fois nos partenaires au Japon et en Suède sur leurs visions du monde d’après.
« Dépasser la crise du COVID-19 avec de nouveaux modes de vie »
Akemi Ichise, Presidente d’Allison and Partners K.K. Japon, Tokyo
Le 7 avril 2020, le premier ministre japonais a déclaré l’état d’urgence sanitaire, initialement jusqu’au 6 mai, et désormais prolongé jusqu’à la fin du mois. Bien que cette mesure s’applique à l’ensemble du Japon, les appels à rester chez soi et la fermeture des magasins ont été en partie levés dans certaines préfectures, mais maintenues dans 13 autres, dont Tokyo. En dehors des travailleurs essentiels, les citoyens ont dû rester chez eux, et ce même durant la « Semaine d’Or », période de 7 jours concentrant 4 jours fériés pendant laquelle la majorité des Japonais prennent traditionnellement leurs vacances. Malgré les subventions gouvernementales accordées aux travailleurs, aux magasins et aux PME touchés par la crise du COVID-19, l’économie a été très affectée et risque de l’être encore dans les mois à venir.
Face à cette situation, nous avons été obligés de nous ajuster à de nouveaux modes de vie : le télétravail, rendu possible par internet et les outils de visioconférence ; le shopping en ligne ; les rendez-vous médicaux à distance (qui existaient déjà mais de manière limitée avant le COVID-19) ; ou encore les services commémoratifs bouddhistes en ligne ! Et le gouvernement estime qu’il est essentiel d’apprendre à vivre avec ces nouvelles règles car la lutte contre le virus pourrait bien se poursuivre sur le long terme.
Pour la société japonaise, cet ajustement forcé pourrait être l’occasion de se défaire de certains habitudes et pratiques telles que l’utilisation de la documentation papier, le recours excessif aux échanges en face à face au quotidien, ou encore les trajets quotidiens dans des trains bondés pour venir travailler.
Ces nouveaux modes de vie feront peut-être évoluer la société avec l’émergence de pratiques plus axées sur le numérique, la libérant ainsi de ses schémas habituels. Sous cette impulsion, les relations presse s’adaptent également avec une recrudescence du contenu et l’utilisation d’outils de visioconférence pour l’organisation d’entretiens et de conférences de presse.
Si l’on parvient à maintenir ces nouvelles habitudes, nous pourrons peut-être dépasser la crise que nous traversons actuellement plus rapidement qu’on ne le pense.
« L’occasion de collaborer différemment »
Madelene Kornfehl, Co-founder Cloudberry Communications Sweden, Stockholm
Si la stratégie de la Suède en matière de gestion de la crise du COVID-19 s’est démarquée de la plupart de ses voisins européens avec le maintien de l’ouverture de ses commerces, de ses cafés et de ses écoles, les entreprises ont dû adapter leur approche pour faire face à cette période inédite. Alors que la vie quotidienne poursuit son cours presque normal, le marché international de la communication a bien évidemment été affecté par la crise, avec une légère diminution de l’activité.
S’il n’y a pas encore eu de véritable changement majeur dans notre secteur, nous avons pu constater une légère diminution des demandes provenant de nouveaux clients. À l’inverse, pour certaines entreprises, notamment celles opérant dans le numérique, les besoins en communication ont augmenté, nous permettant même de gagner certains contrats.
Nous nous sommes beaucoup questionnés sur cette crise et nous pensons qu’elle est l’occasion de collaborer différemment, notamment en renforçant le recours aux environnements numériques. C’est pourquoi nous avons choisi de participer à l’initiative #Vitecherupp, lancée par IT&Telekomföretagen, l’organisme professionnel représentant le secteur de l’IT et des télécommunications. Il s’agit pour les acteurs du secteur d’unir leurs forces pour aider la société à faire face à la crise. Nous avons initialement rejoint ce mouvement à l’initiative de l’un de nos clients et avons à notre tour appelé certains de nos clients à y contribuer.
Nous avons été très impressionnés par les moyens mis en œuvre par le secteur face à la crise et au grand nombre d’entreprises qui ont pris part à des initiatives similaires visant à résoudre certains des problèmes que nous traversons actuellement. On peut citer l’exemple de Hack the Crisis, un hackaton en ligne organisé par DIGG, Hack for Sweden, Openhack et le gouvernement suédois. La mission de cet événement est de concevoir, de tester et de mettre en œuvre des idées, de rassembler ces idées créatives et de développer des concepts de manière à créer des solutions qui pourront aider la Suède et le reste du monde à faire face à la situation.
Autre excellent exemple de cette philosophie collaborative : la décision de l’un de nos clients, Bolt, d’offrir des courses de taxi aux soignants pour leur éviter de s’exposer davantage au risque et leur permettre de passer plus de temps avec leurs familles. Nils Wijkmark, Regional Manager, Northern Europe chez Bolt déclare : « Nous voulions trouver un moyen d’apporter de la valeur aux soignants, mais aussi aider les chauffeurs de taxi qui sont actuellement en difficulté. Notre initiative est le résultat de cette réflexion. »
Ne manquez pas les analyses en provenance de la Chine et des Émirats arabes unis la semaine prochaine !
Edouard Fleuriau-Chateau