2021 sera définitivement l’année de l’audio et de la voix pour le secteur de la communication et les indicateurs allant dans ce sens sont nombreux, qu’il s’agisse de l’émergence de Clubhouse (dont nous vous parlions dans un blogpost précédent,) ou de la montée en puissance des podcasts (à lire ici ou encore ici). Les réseaux sociaux ne restent pas à la traîne et développent déjà de nouvelles fonctionnalités pour s’adapter aux nouvelles attentes des utilisateurs, à l’image de Twitter, qui a lancé « Spaces », des salons audios rassemblant pour le moment 10 personnes au maximum.
L’audio, grand gagnant de la pandémie ?
Les effets de la pandémie sur nos modes de consommation sont indéniables et nous pouvons déjà les constater dans la manière dont nous consommons l’information. Lassés de passer une grande partie de notre temps devant un écran, nous avons favorisé les formats qui nous permettent de nous évader. Qui n’a jamais écouté un épisode de son podcast favori pendant une promenade ou un footing après une journée de télétravail ? La plateforme Sortlist vient confirmer cette tendance dans une étude selon laquelle la consommation des contenus audios a augmenté de 76,2 % depuis la pandémie.
Lors d’une interview pour Les Echos, Mathieu Gallet, ex-président de Radio France et cofondateur de Majelan, une plateforme qui propose des contenus audios centrés sur le développement personnel, justifie cet engouement : « Il y a un côté plus chaleureux, nuancé et authentique avec la voix. Nous sommes dans une société des écrans et de l’image, où celle-ci est très travaillée et semble moins réelle »
Modérer les contenus audios, le nouveau défi des plateformes sociales
Sur les réseaux sociaux, la modération est traditionnellement effectuée par une IA qui filtre automatiquement des mots dont l’usage peut être problématique. Alors, comment modérer la voix humaine ? Selon Radio-Canada, « les plateformes qui souhaitent se lancer dans l’aventure audio devront se doter de règles de communauté claires et d’une modération humaine, ce qui exige des effectifs importants qui ne sont pas infaillibles. »
Prenons l’exemple de Twitter : si la plateforme est souvent pointée du doigt en raison de ses manquements en matière de modération, Spaces prévoit une option pour signaler une personne. Des modérateurs s’occuperont par la suite d’évaluer si des violations aux règles du réseau social ont été commises. Toutefois, cela représente un lourd travail en amont avant de pouvoir rendre la fonctionnalité accessible à tous.
Analyser l’émotion à travers la voix
Savez-vous que votre façon de parler est une donnée personnelle ? Selon une étude du cabinet Médiartis réalisée en 2020, huit Français sur dix n’en sont pas conscients (et je ne faisais pas exception). En effet, la manière de s’exprimer à l’oral peut donner des indications sur la classe sociale, l’état d’esprit, l’âge, l’état de santé… C’est donc une source d’informations très précieuse pour les réseaux sociaux, dont le modèle économique repose sur l’exploitation des données personnelles. De quoi faire réfléchir entre deux messages audios sur Whatsapp.
Dans une interview accordée cette fois à La Croix, Matthieu Gallet déclare : « On peut analyser les accents, la nuance, l’ironie, toutes ces choses que l’écrit peine à transmettre. Les machines sont en train d’apprendre à analyser les subtilités de la voix. » L’objectif ? Dresser un portrait toujours plus précis des utilisateurs afin de vendre ces données aux plus offrants.
Si Facebook n’est pas encore entré dans la course à l’audio, cela ne saurait tarder. En effet, la rumeur court selon laquelle le réseau de Mark Zuckerberg planche aussi sur un projet similaire nommé « Fireside ». Soyez rassurés, la CNIL surveille ces développements de près et rappelle régulièrement dans des rapports et articles combien les informations véhiculées par la voix peuvent être sensibles.
Alexandra Corbelli
