« Se lancer dans les podcasts, c’est avant tout de la patience et de la récurrence ! ».

Voici ce que nous a confié Camille Regnault, secrétaire générale et animatrice des podcasts AXOPEN sur des thématiques techniques & IT. Dans cette nouvelle interview, nous vous invitons à plonger dans les coulisses de la création de podcasts et à découvrir les clés de son succès.

En quelques années seulement, le podcast a réussi à séduire les Français et s’inscrit dans leur quotidien. Et cet engouement est loin de s’arrêter. Aujourd’hui, 44 % des Français écoutent des podcasts, parmi lesquels 65 % en écoutent au moins une fois par semaine, avec 38 % écoutant des podcasts de replay radio et 27 % des podcasts natifs, selon l’étude Podcast : les usages du podcast en France réalisée par l’ACPM et le CSA. Si la notoriété est intergénérationnelle, celle du podcast natif est davantage due aux 25-34 ans à 82 %, puisqu’elle chute à 51 % auprès des 50-64 ans.

Compagnons du quotidien, les Français aiment écouter des podcasts dédiés à la culture générale sur leur smartphone tout en effectuant des tâches ménagères ou la cuisine. Quant aux podcasts consacrés à la science et aux nouvelles technologies, ils arrivent en 8e position.

De nombreuses entreprises se sont engouffrées dans ce nouveau canal de communication, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les auditeurs y sont plutôt réceptifs : 76 % d’entre eux estiment que les podcasts sont un bon moyen de communication. Ils y apprécient les interviews et les conversations, et y voient une manière d’apporter une façon innovante de communiquer, tout en se rapprochant de leurs clients.

Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer Camille Regnault, animatrice de podcasts pour l’entreprise AXOPEN, une PME lyonnaise spécialisée dans les développements de projets informatiques sur-mesure, qui s’est lancée dans l’aventure en 2018.

Pourquoi AXOPEN s’est-il lancé dans l’aventure des podcasts ?

J’aurais aimé dire que c’était réfléchi, avec une superbe stratégie pensée sur cinq ans, des objectifs chiffrés, une ligne éditoriale claire… Mais non ! La vérité, c’est que nous nous sommes lancés dans l’aventure des podcasts en 2018 sur un coup de tête. Il s’agissait d’une tendance qui émergeait aux États-Unis et en 2018, il y avait encore peu d’acteurs positionnés sur ce nouveau format. Alors, nous avons décidé de tenter l’aventure.

Nous avions remarqué que, chez AXOPEN, nos pauses déjeuner étaient toujours un moment d’échange autour de la tech : dernières technologies à la mode, vulgarisation de concepts, bonnes pratiques pour construire ses applications… Alors, un jour, nous avons eu envie d’enregistrer nos conversations de passionnés pour en faire profiter nos clients, mais aussi les auditeurs en quête d’informations sur l’IT. Le podcast était lancé !

Quelle est votre ligne éditoriale ?

Notre podcast s’adresse à tous les pros (ou futurs pros) de l’IT, qu’ils soient techniques ou non ! Au fil des années, nous avons quelque peu fait évoluer notre ligne éditoriale. Au départ, nous étions très techniques ; désormais, nous vulgarisons au maximum les sujets liés au monde du développement informatique et partageons l’envers du décor des projets IT, sans langue de bois. Notre objectif est de nourrir nos auditeurs d’informations passionnantes, et que cela leur donne des idées pour avancer dans leur propre quotidien !

Aussi, nous avons volontairement choisi de peu écouter les autres podcasts de vulgarisation IT pour justement nous en affranchir et surtout pour éviter de nous brider ou de copier. Nous nous laissons la possibilité d’explorer de nouveaux sujets et surtout d’être à l’écoute de nos auditeurs.

Quel est le type de format que vous proposez ?

Nous avons lancé deux formats de podcasts :

  • Un premier format table ronde, qui rassemble des experts techniques AXOPEN avec une certaine liberté de ton. À ce propos, nous sommes ravis d’avoir pu réunir autour de la table nos développeurs qui se sont investis sur ce projet et se sont pris au jeu. Notre complicité s’entend et je pense que nous avons réussi à créer une atmosphère conviviale, authentique et agréable à écouter !
  • Un deuxième format interview, dans lequel nous donnons la parole à des professionnels de l’IT aux parcours variés, qu’il s’agisse de DSI, de CTO, d’experts techniques, d’architectes… Nous avons eu la chance d’avoir des clients réceptifs qui se sont facilement prêtés à l’exercice, puis nous avons ouvert ce format à d’autres experts, notamment par l’intermédiaire de l’agence OneChocolate.

Dans ces deux formats, les invités partagent leurs retours d’expérience concrets, leur vision des technologies émergentes et les enjeux qu’ils rencontrent sur le terrain ; le podcast dure généralement entre 30 minutes et 1h, en fonction du sujet abordé.

Comment construisez-vous un podcast ?

Généralement, tout part d’un thème du quotidien auquel est confronté l’un de nos chroniqueurs. Après avoir validé l’idée, nous dressons la liste des invités, internes ou externes, qui nous paraissent les plus pertinents pour évoquer le sujet en question. Ensuite, nous construisons un plan pour disposer d’une ligne directrice que nous communiquons aux invités afin qu’ils puissent se préparer avant l’enregistrement. Puis, il ne reste plus qu’à fixer une date d’enregistrement. Bien entendu, même si nous avons, au préalable, dressé une trame de questions, elle n’est là que pour nous guider. Notre objectif n’est pas de proposer une « simple » interview type questions-réponses, mais bien un échange fluide.

Quels sont, selon vous, les ingrédients magiques d’un bon podcast ?

Je ne sais pas si cela relève de la magie (quoique ?), mais une bonne ambiance lors du podcast est indispensable pour un rendu fluide et agréable à écouter ! Selon moi, l’ingrédient principal est d’avoir une bonne équipe, qui se compose d’invités à la fois excellents sur le fond, mais avec aussi des personnalités « chouettes » et authentiques, qui ne se brident pas. Évidemment, en deuxième pièce maîtresse, il est indispensable de compter sur un bon animateur capable de fédérer, de « driver » la conversation et de recadrer les invités en douceur lorsque ceux-ci s’éloignent trop du sujet principal.

Dernier point, mais pas des moindres : nous utilisons de bons micros, pour prendre soin des oreilles de nos auditeurs – et je pense d’ailleurs que c’est ce qui a le plus changé depuis nos débuts ! Pour la petite histoire, lors de nos cinq premiers épisodes, nous avons testé plusieurs dispositifs : casques, micros-cravates, micros peu onéreux… mais les résultats n’étaient vraiment pas au rendez-vous. Finalement, nous avons eu la chance de nous faire accompagner par un ingénieur du son, qui est venu avec ses propres micros professionnels, et ça a tout changé !

Quels sont les écueils à éviter ?

Bien évidemment, cela n’engage que moi, mais je trouve que l’on reconnaît un bon podcast dans sa capacité à nous faire vivre des émotions, sur un temps plus ou moins long, et durant lequel on peut s’autoriser à divaguer. En partant de ce constat, je dirais qu’il faut éviter de vouloir faire quelque chose de « parfait », de s’attarder sur le moindre détail et de « sur-cutter » au montage !

Les questions du ROI sur ce nouveau média se posent souvent. Quel est votre avis ?

Comme beaucoup d’actions de communication, le ROI est difficilement mesurable. Il s’agit avant tout d’adopter un état d’esprit dont nous n’avons plus l’habitude dans notre société ultra-connectée : la patience ! Il faut pouvoir se détacher de cette notion court-termiste et miser sur le long terme.

Pour nous, il s’agit surtout de tisser du lien. Nous avons parfois des retours sur LinkedIn ou directement par mail d’auditeurs ayant apprécié un épisode, ou bien qui viennent pour nous corriger sur un élément évoqué, et je trouve cela extrêmement gratifiant ! Je prends toujours du temps pour les rappeler afin de recueillir leurs « feedbacks » : ce qu’ils pensent du podcast, les points positifs et négatifs, des idées ou des suggestions de futurs sujets…

Pour les entreprises qui souhaitent avoir un retour immédiat, Google Ads est sans doute une meilleure option. Pour celles qui souhaitent se lancer sur une communication ancrée sur le long terme, je leur conseille de faire un test sur six mois à un an. Lancez-vous et soyez réguliers dans vos publications ! Tant que vous avez un micro de qualité qui fonctionne et l’envie de vous lancer, ça marchera. Le reste, c’est de la couture, et vous trouverez forcément votre public – car oui, (attention, spoiler), si vous avez des contenus de qualité réguliers et bien diffusés, il y aura des retombées !

Comment envisagez-vous l’évolution de votre podcast ?

Nous n’imaginons pas nécessairement de rupture de format dans l’immédiat. Peut-être qu’un jour, nous rajouterons un podcast de plus par mois. Mais en tout cas, pour l’instant, nous avons notre propre rythme et nous faisons de notre mieux pour nous y tenir. Aujourd’hui, nous cherchons davantage d’innovation dans nos formats actuels ; par exemple, nous avons récemment intégré dans nos tables rondes de nouvelles rubriques pour dynamiser le podcast et ainsi surprendre nos auditeurs réguliers.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

Que l’aventure podcast continue et qu’elle embarque davantage d’invités et d’auditeurs ! 😊

Propos recueillis par Laure Guyon